JE SUIS NE EN 1948

 




Je suis né en 1948

A l’école maternelle de Saint-Pierre-des-Corps, tenue par des sœurs catholiques, avec quelques autres enfants, pour nos derniers mois, sans doute, nous fûmes invités à pénétrer dans la petite chapelle qui jouxtait l’école. La sœur nous expliqua Dieu, son fils, le Saint-Esprit, et la maison de toute cette famille. Dans le petit bâtiment sombre et sans qualité, nous nous signâmes devant la table qu’il fallait appeler autel. Proche, une boite sombre était fixée au mur avec une ampoule électrique rouge qui éclairait faiblement le sol taché d’humidité. La sœur nous dit que Jésus, le fils de Dieu était dans la boîte, sous forme de pain, et tant que la lumière rouge était allumée, il serait dans la boite. Je pensai immédiatement aux nombreuses pannes d’électricité qu’il y avait dans notre maison. Commençait ainsi mon interrogation au et du monde.

A la même période, c’est-à-dire à l’école maternelle, alors que je jouais avec mes nombreux cousins et autres voisins, alors que tous ignoraient un petit jouet constitué d’un malheureux morceau de planche avec quatre roues en bois et un bout de ficelle, soudain, un des enfants saisit la chose inerte et ce fut le signal à un sauvage combat pour accaparer l’objet d’un désir autant violent qu’inopiné. Là, continuait mon interrogation au et du monde.

A l’école primaire, chahuté plus par un monde sans sens que par les élèves hurlants des cours de récréation, alors qu’un grand me menaçait de sa taille, de sa véhémence, et m’engageait au combat, devant mon immobilité me demanda, dans un souffle rageur, si c’était ma joue gauche que je lui tendais, comme Jésus. J’eus l’immédiate certitude que ces mots étaient la vérité et il m’avait semblé avoir été baigné de lumière. Je m’éloignais du grand qui en était resté là. Ce n’étaient pas les leçons de catéchisme incompréhensibles qui étaient à l’origine de cette vérité révélée. C’était simplement une révélation, la révélation, comme le beau s’impose à nos sens, le bien à notre esprit, la vérité à notre cœur.  
Les vérités révélées à l’enfant sont oubliées par l’adolescent, puis contestées lorsqu’il devient parent. Ce n’est que lors de son lent dépérissement qu’il lui semble qu’il avait été mis en face de la vérité. Alors lentement, puisque le superflu n’a plus d’usage, il s’interroge et rend grâce au beau, au bien et à la vérité. Il est gagné par la simplicité, la paix, la miséricorde et il se surprend à pleurer face aux maux du monde. Il peut partir, le royaume des cieux lui appartient. 

Alain Le Falher
Sans date


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